A Bab el Oued ... La baroufa (dispute)
rideau

La baroufa (dispute) prolonge jusqu'à l'âge le plus avancé la période de l'enfance et de l'adolescence où l'éducation collective du groupe enseigne que rien n'est plus important que l'étalage du courage physique, vertu particulièrement prisée en Algérie, et dans les deux communautés. La donnade (explication à coups de poing) entre deux élèves à la sortie de la classe, devant le cercle des condisciples connaisseurs, fait partie de la vie scolaire à Bab-el-Oued.
Dans la baroufa, l'éloquence lyrique trouve son compte autant que la bravoure. Le goût du théâtre aussi. Chez les femmes comme chez les hommes.
A propos de bottes d'oignons, de seaux d'eau dans l'escalier ou de la blancheur comparée du linge séchant aux fenêtres, la querelle de palier entre deux commères, fortes en gueule, devient un spectacle haut en couleur et en bruit, gratuitement offert aux voisins accourus dès les premiers éclats du tcheklala (scandale).
Des voix aiguës portent sur la place publique, avec des commentaires glapissants, les stupres respectifs des familles rivales, depuis la faute publique de l'arrière-grand-mère jusqu'au chômage prolongé et honteux de l'oncle parasite. Les messieurs, pressés par les dames de montrer leur virilité, de combattre, de se jeter dans la mêlée, préfèrent en général réserver pour de meilleures causes leurs coups de savate ou leurs coups de tête empoisonnés.

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